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ERGENEKON Gokce
? Aimer ce qui meurt ?. Poétiques de la mise à nu dans la poésie fran?aise moderne et contemporaine, de Baudelaire à Bonnefoy
Thèse en Lettres, soutenue le 28 juin 2024.
Ce travail se propose d’identifier la mise à nu poétique comme un modèle de connaissance à part entière, dont la spécificité irréductible est d’aimer ce qui meurt. De Mon c?ur mis à nu (1887), publié après la mort de Charles Baudelaire, à l’un des derniers poèmes d’Yves Bonnefoy, ? Le Pied nu ?, paru quelques mois avant sa mort (Ensemble encore, 2016), les occurrences de la nudité et des gestes qui s’y rapportent – dévoilement, révélation, épiphanie ou, à l’inverse, voilement, dissimulation, mystère – infusent la poésie fran?aise moderne et contemporaine. Notion aux mille visages, la nudité revêt une densité référentielle, nourrie par des imaginaires érotiques, moraux et esthétiques hybrides, et sous-tendue par la terminologie phénoménologique qui s’y rattache. ? travers la lecture d’une trentaine de poètes des XIXe et XXe siècles examinés sous le signe de l’hypotexte baudelairien, le propos s’attachera d’abord à montrer que le dévoilement érotique du corps nu dans les poèmes révèle les tensions inhérentes à la représentation poétique. Dans un deuxième temps, il s’agira ainsi de requalifier le geste de mise à nu à la lumière d’Yves Bonnefoy et par la mise en miroir de quatre poétiques choisies (Pierre Jean Jouve, René Char, André Frénaud, Yves Bonnefoy), pour considérer la poésie comme ? un acte de connaissance ? qui ? ne peut être qu’aimer ?. Envisagé comme le corps d’autrui ? qui se dérobe sans trêve à la représentation ? (G. Bataille), ? ce qui meurt ? en vient à désigner ce qui échappe à la saisie conceptuelle, ce qui fait défaut ou encore se donne comme invisible, en vertu d’une analogie avec la nudité corporelle qui fonde toute mise à nu poétique en son rapport à la finitude et à l’érotique.
Mots-clés : Charles Baudelaire ; Yves Bonnefoy ; Imaginaires du corps ; Représentation poétique ; Nudité ; Connaissance ; Nu pictural ; Dévoilement ; Poésie moderne et contemporaine
The aim of this dissertation is to define poetic nudity as a form of knowledge in its own right, the irreducible specificity of which is to love that which dies. From Mon c?ur mis à nu (1887), published after Charles Baudelaire’s death, to one of Yves Bonnefoy’s last poems, “Le Pied nu”, published a few months before his own passing (Ensemble encore, 2016), occurrences of nudity and related gestures - unveiling, revelation, epiphany or, on the contrary, veiling, concealment, mystery - infuse modern and contemporary French poetry. A notion of many faces, nudity takes on a referential density, nourished by the hybridity of erotic, moral and aesthetic imaginaries, underpinned by the phenomenological terminology associated with it. Through a reading of some thirty poets from the 19th and 20th centuries, examined under the sign of the Baudelairean hypotext, we will first show that the erotic unveiling of the naked body reveals the tensions inherent in poetic representation. In a second stage, we will re-qualify the gesture of laying bare in the light of Yves Bonnefoy and consider poetry as “an act of knowledge” that “can only be love”, through the comparison of four selected poetics (Pierre Jean Jouve, René Char, André Frénaud, Yves Bonnefoy). Considered as someone else’s body “that perpetually evades representation” (G. Bataille), “that which dies” comes to refer to, in the course of the dissertation, that which escapes conceptual grasp, that which is lacking or invisible, by virtue of an analogy with bodily nudity, which underpins all forms of nudity in its relationship to finitude and the erotic.
Keywords: Charles Baudelaire ; Yves Bonnefoy ; Imaginaries of the body ; Poetic representation ; Nudity ; Knowledge ; Nude art ; Unveiling ; Modern and contemporary poetry
Directrice de thèse : Jér?me TH?LOT
Membres du jury :
- M. TH?LOT Jér?me, Directeur de thèse, Professeur des universités émérite, Université Jean Moulin Lyon 3, France,
- Mme GUERM?S Sophie, Rapporteure, Professeure des universités, Université de Bretagne occidentale, Brest, France,
- M. WERLY Patrick, Rapporteur, Maitre de conférence habilité à diriger des recherches, Université de Strasbourg, France,
- Mme BONHOMME Béatrice, Professeure des universités, C?te d'Azur université, Nice, France,
- M. BROPHY Micha?l, Professeur, Université de Dublin, Irlande.
Président du jury : Sophie GUERM?S